Moi, médecin
Des robots infirmiers s'occupent de personnes âgées et participent aux interventions chirurgicales - les ordinateurs facilitent le diagnostic du cancer et la préparation des plans de traitement personnalisés. Ce n'est pas l'avenir, cela existe déjà.
Bienvenue à l'ère de la robotique, de l'intelligence artificielle et des mégas données. Des robots agiles sur le plan technique et habiles sur le plan visuel, alliés à des machines d'apprentissage en profondeur pouvant accéder à de grandes quantités de données en nuages (en hausse constante), sont sur le point de faire des percées sans précédent dans les rôles techniques et cognitifs actuels des différents professionnels de la santé.
La semaine dernière, c'était la Semaine de la santé numérique au Canada, l’occasion pour de reconnaître la façon dont les avancées numériques transforment la prestation des soins de santé et que le moment est venu d'examiner certaines des répercussions de cette évolution pour les fournisseurs de soins de santé et leurs patientes et patients.
Plusieurs ouvrages récents, dont Rise of the Robot de Martin Ford et The Patient Will See You Now du Dr Eric Topo, soulignent la myriade de façons dont la technologie refaçonne les soins de santé. Le Sénat du Canada a récemment publié un rapport sur la robotique, l'intelligence artificielle et l'impression 3D (capacité d'utiliser des logiciels et des imprimantes pour reproduire rapidement et à peu de frais des fournitures médicales). Un comité sénatorial a écrit que ses membres étaient « stupéfaits des innovations présentées au cours de cette étude et dépassés par l'ingéniosité dont ils ont fait preuve et l'impact potentiel que ces innovations perturbatrices peuvent avoir sur le système de santé ».
On peut contester le rythme de ces changements et bon nombre des innovations entraîneront des échecs et des revers. Mais il est difficile d’ anticiper un retournement fondamental dans la direction que prennent les choses.
Cela soulève pour beaucoup d'entre nous d'importantes questions sur le rôle important que jouent les professionnelles et professionnels de la santé en cette nouvelle ère. Le Dr Brian Hodges, psychiatre torontois, également vice-président directeur de l'éducation au Réseau universitaire de santé, étudie la question en détail. On l’a récemment invité à prendre la parole à une séance de Rondes de la qualité de Qualité des services de santé Ontario.
Le Dr Hodges souligne qu' à l'avenir, une bonne partie des connaissances sur lesquelles les médecins comptent seront stockées dans le nuage ou d'autres formes de technologie et que les professionnelles et professionnels de la santé doivent investir dans la « compréhension des forces (et des angles morts) de leur propre cognition humaine »
« Se renseigner sur les antécédents et procéder à un examen physique permettait aux médecins d'interagir avec leurs patientes et patients... Ces pratiques disparaissent et ne reviendront pas ». Pour le Dr Hodges, les professionnels de la santé doivent être formés et faire un effort pour maintenir une présence humaine dans le système de soins de santé de l'avenir où les machines joueront un rôle beaucoup plus important.
« La compassion est au cœur du système de santé. C'est notre travail. C’est tout. », a-t-il déclaré.
Mais alors même que nous nous efforçons de préserver cette part d’humanité qui définit la profession médicale, nous devons faire plus pour préparer les nouveaux et actuels professionnels de la santé à leur milieu de travail.
« De nos jours, les professionnelles et professionnels de la santé doivent maîtriser diverses compétences liées à l'utilisation de dispositifs numériques ou aux solutions en ligne », et il est maintenant essentiel de « maîtriser ces compétences » indispensables à tous les professionnels de la santé, a déclaré le Dr Bertalan Mesko, médecin et généticien hongrois interviewé par le comité sénatorial qui a préparé le récent rapport.
Le rôle des professionnels de la santé n' a cessé d’évoluer au fil des décennies et les nouvelles tendances en matière d'information numérique, de robotique et de machines d'apprentissage ne feront qu'entraîner de nouveaux changements dans les responsabilités et les pratiques. Dans le même temps, il est important de continuer à placer la prestation de soins compassionnels de qualité au sommet de nos priorités.
Les robots et les ordinateurs font certainement partie de notre avenir, mais ils ne devraient pas définir les valeurs qui sous-tendent ce que nous faisons.
(Cet article a d'abord été publié en ligne dans The Medical Post)