Puisque la consommation problématique d’alcool et le trouble de consommation d’alcool entraînent un nombre important de maladies évitables et de décès prématurés en Ontario, une meilleure détermination et un meilleur traitement de ces problèmes pourraient permettre d’améliorer bon nombre de vies et d’en sauver un grand nombre. Ainsi, près de 80 % des Canadiens âgés de 19 ans et plus boivent de l’alcool et la plupart en consomment avec modération. La consommation problématique d’alcool est cependant courante puisqu’en 2015, environ 3 % des adultes canadiens répondaient aux critères de l’alcoolisme.
Les méfaits de l’alcool (ou les conséquences négatives de sa consommation) représentent un problème de santé important et une cause courante de blessures et de décès : l’alcool entraîne également plus de la moitié des hospitalisations attribuables à la consommation d’alcool puisqu’environ 86 000 hospitalisations en 2018/19 étaient attribuables à la consommation d’alcool. Les coûts économiques des méfaits liés à l’alcool atteint plus de 14,6 milliards de dollars en 2014 au Canada (dont 5,34 milliards en Ontario) dont 4,23 milliards étaient directement reliés aux soins de santé (1,47 milliard en Ontario).
Ainsi, en 2018 en Ontario, environ 17,6 % des personnes de 12 ans et plus ont déclaré avoir consommé une grande quantité d’alcool à une occasion et au moins une par mois au cours de l’année précédente. L’on estime que la consommation d’alcool, tant celle qui dépasse les lignes directrices pour une consommation modérée que le trouble de consommation d’alcool, représente 9,3 % des années de vie corrigées du facteur invalidité (AVCI) et 7,1 % de tous les décès prématurés au Canada. La consommation d’alcool est le principal facteur de risque de maladie à l’échelle pour la santé de la population de 15 à 49 ans et elle se classe au sixième rang des 10 premiers facteurs de risque de maladie pour l’ensemble des Canadiens.
La consommation d’alcool est également associée à d’importants méfaits puisqu’elle peut altérer les habiletés motrices et le discernement, causer des maladies et des décès et avoir des effets négatifs sur les conditions sociales et économiques, ainsi que sur les conditions de logement et de vie, qui ont toutes des répercussions sur la santé d’une personne (c’est-à-dire les déterminants sociaux de la santé). Les risques à court terme associés à la consommation problématique d’alcool incluent un risque accru de suicide, de décès par surdose (habituellement en conjonction avec une drogue sédative, mais parfois seulement avec de l’alcool), de transmission de maladies transmises sexuellement et de blessures évitables. Les risques à long terme pour la santé comprennent, quant à eux, des risques accrus de cancer, de cirrhose, de diabète et de maladies cardiovasculaires. La consommation problématique d’alcool ou les habitudes de consommation causant des problèmes de santé peuvent avoir différentes répercussions, incluant l’absentéisme, le chômage, l’insécurité alimentaire et l’instabilité du logement, en plus de contribuer à une augmentation de la criminalité. Les personnes qui appartiennent à des groupes défavorisés (p. ex., les personnes à faible revenu, les nouveaux arrivants et les sans-abri) subissent plus de méfaits en raison de leur consommation d’alcool que les personnes favorisées qui consomment la même quantité d’alcool puisque ces dernières ont un meilleur accès aux ressources.
Les personnes qui ont un trouble de consommation d’alcool et qui accèdent aux services de soins de santé font généralement l’objet d’une stigmatisation importante, ce qui crée des obstacles supplémentaires à l’accès aux traitements. En outre, les personnes qui s’identifient comme des femmes ont tendance à être stigmatisées en raison de leur consommation problématique d’alcool par rapport à celles qui s’identifient comme des hommes, ce qui peut affecter la volonté des femmes de vouloir obtenir un traitement.
Les professionnels de la santé et les fournisseurs de services devraient être conscients du rôle que le sexe et le genre peuvent sur les effets négatifs de la consommation d’alcool. Les caractéristiques biologiques liées au sexe (comme un pourcentage de gras corporel plus élevé et un poids corporel plus faible) peuvent influer sur la façon dont l’alcool est métabolisé et sur la façon dont la personne en ressent les effets, alors que les attentes sexospécifiques au travail, à la maison et dans la communauté peuvent influer sur les habitudes de consommation. La consommation d’alcool pendant la grossesse peut également avoir des répercussions sur les personnes en âge de procréer.
Les différents documents montrent que les enfants qui vivent des expériences négatives ou dans des familles dysfonctionnelles, y compris les cas où une personne a une consommation d’alcool problématique, sont en moins bonne santé à l’âge adulte. En outre, les personnes qui ont vécu un traumatisme pendant leur enfance sont plus susceptibles de développer un problème de consommation d’alcool ou un trouble de consommation d’alcool à un âge plus précoce que celles qui n’en ont pas connu. On remarque également que les personnes qui sont atteintes ou ont déjà été atteintes du syndrome de stress post-traumatique sont plus susceptibles d’avoir une consommation d’alcool problématique pouvant mener à un trouble de consommation d’alcool.
Le dépistage du trouble de consommation d’alcool pose cependant certains défis, et les professionnels de la santé posent moins souvent de questions en ce qui concerne la consommation d’alcool que d’autres problèmes de santé potentiels. Le temps de suivi requis lorsqu’une personne obtient un résultat positif au dépistage d’une consommation problématique d’alcool représente également un obstacle au dépistage approprié. Il peut également être difficile pour les professionnels de la santé d’établir une relation avec les personnes qui ont obtenu un résultat positif au dépistage d’une consommation problématique d’alcool en raison de la crainte de la stigmatisation et des répercussions potentielles associées à la divulgation d’une consommation problématique d’alcool.
L’Ontario met en œuvre Vers le mieux-être, une stratégie globale visant à soutenir un système de santé mentale et de lutte contre les dépendances qui permet l’accès à des services de grande qualité tout au long de la vie d’une personne. Le nouveau Centre d’excellence pour la santé mentale et la lutte contre les dépendances au sein de Santé Ontario dirigera la gestion du système et la coordination des services, et orientera les initiatives d’amélioration de la qualité à l’appui de la mise en œuvre de Vers le mieux-être. La norme de qualité sur la consommation d’alcool malsaine et les troubles de consommation d’alcool peut être utilisée pour appuyer la stratégie de santé mentale et de lutte contre les dépendances de l’Ontario.
Les dix énoncés sur la qualité qui figurent dans la présente norme sont fondés sur des éléments probants et le consensus des experts et donnent de l’orientation en ce qui concerne les soins de haute qualité que doivent recevoir les personnes ayant une consommation problématique d’alcool et un trouble de consommation d’alcool afin d’aider à combler les lacunes dans les soins identifiées dans l’ensemble de la province.