La lombalgie se définit comme une douleur localisée entre la 12e côte et les plis fessiers inférieurs. La plupart des cas de lombalgie aiguë sont « mécaniques » ou non spécifiques et se caractérisent par une tension, une douleur ou une raideur dans la région lombaire. Bien que la source de la douleur et d’autres symptômes puissent être attribués à plusieurs structures du dos, y compris les disques, les facettes articulaires, les muscles et le tissu conjonctif, la source spécifique n’est souvent pas identifiable.
Dans le monde entier, les lombalgies causent plus d’invalidité, de limitation d’activité et d’absentéisme au travail que toute autre affection. On estime que 80 % des adultes connaissent un épisode de lombalgie aiguë au moins une fois dans leur vie. La plupart des épisodes de lombalgie s’améliorent avec la prise en charge initiale des soins primaires, et sans investigations complémentaires ou l’envoi vers des spécialistes.
Il est important de reconnaître que la diminution de la fonction et de la mobilité associée aux lombalgies aiguës a une incidence sur les contextes sociaux et économiques de la santé, du bien-être et de la vie en général. Les données probantes montrent que les personnes de faible statut socioéconomique sont plus susceptibles de recevoir des médicaments (opioïdes et/ou anti-inflammatoires non stéroïdiens) pour gérer leur lombalgie aiguë que les personnes de statut socioéconomique élevé. Les personnes de faible statut socioéconomique courent également un risque plus élevé de lombalgie récurrente et persistante et d’un pronostic globalement plus défavorable. Les personnes atteintes de lombalgie aiguë qui vivent dans des régions à faible revenu n’ont pas le même accès aux soins que celles qui vivent dans des régions à revenu élevé et sont désavantagées par leur accès limité aux services de soins de santé. Malgré les preuves que les opioïdes ne sont pas un traitement utile pour la lombalgie aiguë, le mal de dos est la raison la plus courante pour laquelle les médecins prescrivent des opioïdes en médecine familiale et à l’urgence.
Au Canada, environ 30 % des adultes atteintes de lombalgie qui réapparaît dans les 6 mois et 40 % dans l’année suivant leur premier épisode. La plupart des personnes atteintes de lombalgie peuvent bénéficier de changement au mode de vie (comme l’activité physique) et d’interventions supplémentaires (comme les traitements pharmacologiques, la chaleur, la thérapie manuelle et l’exercice thérapeutique). Bien que la documentation présente des recommandations cohérentes pour la prise en charge de la lombalgie, ces recommandations ne sont pas très bien appliquées et il y a un manque d’uniformité dans la fourniture de matériel et de ressources éducatives aux patients atteints de lombalgie.
Les données probantes montrent que 90 % des lombalgies ne sont pas causées par une blessure ou une maladie sous-jacente grave qui nécessitent une IRM, une TDM, des médicaments, une référence chirurgicale ou une ordonnance d’opioïdes. Moins de 5 % des examens aux rayons X du bas du dos révèlent des drapeaux rouges associés à des troubles neurologiques, des infections, des fractures, des tumeurs ou des inflammations. L’imagerie médicale pour les lombalgies est utilisée plus souvent que nécessaire. L’imagerie de la colonne lombaire représente environ le tiers de tous les examens d’IRM, et l’utilisation de l’imagerie diagnostique a augmenté plus rapidement que presque tous les autres types de services de santé canadiens. En Ontario, il existe des variations régionales considérables dans l’utilisation de l’imagerie diagnostique pour les lombalgies. Le coût total de l’imagerie de la colonne vertébrale, y compris l’examen aux rayons X, la TDM et l’IRM, a été estimé à 40,4 millions de dollars en 2001-2002 et a augmenté à 62,6 millions de dollars en 2010-2011, une augmentation de 55 % sur 10 ans.
Il existe de nombreuses possibilités d’améliorer les soins pour les lombalgies en Ontario. Il s’agit notamment de réduire la progression de la lombalgie aiguë à la lombalgie chronique; d’offrir un accès à l’éducation en temps opportun pour aider les patients à gérer leurs symptômes; d’assurer l’accès à un fournisseur de soins de santé approprié lorsque cela est nécessaire; de réduire l’utilisation de l’imagerie inappropriée pour la lombalgie et de diminuer l’utilisation d’opioïdes. Plusieurs programmes visent à régler ces problèmes, bien que l’accès aux ressources en matière de lombalgie aiguë soit limité et que l’accès varie considérablement d’une région à l’autre de la province.