L’arthrose, le type le plus commun d’arthrite, est une affection progressive qui peut toucher toute articulation mobile du corps, mais plus couramment les hanches, les genoux et les mains. Des études sur diverses populations montrent que près de 20 % à 30 % des adultes ont de l’arthrose dans au moins une de ces articulations. L’affection commence comme un changement du processus biologique dans une articulation, menant à des changements structurels, comme une érosion du cartilage, un remodelage des os, la formation de protubérances osseuses, une inflammation des articulations, et une perte fonctionnelle de l’articulation. Il en résulte souvent une douleur, une rigidité et une perte de mouvement. L’arthrose se caractérise par les symptômes changeants et une intensité accrue de la douleur articulaire au fil du temps. Il y a des facteurs qui rendent certaines personnes plus vulnérables au développement de l’arthrose : des facteurs génétiques, un surpoids ou l’obésité, des blessures causées par des accidents ou une intervention chirurgicale et une activité physique intense dans certains sports ou au travail.
Au Canada, la prévalence globale de l’arthrose diagnostiquée dans le secteur des soins primaires est de 14 % et elle devrait passer à environ 25 % au cours des 30 prochaines années. L’affection est plus fréquente chez les personnes d’âge moyen ou plus âgées (la prévalence est de 35 % chez les personnes âgées de 80 ans et plus), elle touche plus de femmes que d’hommes et elle est associée à d’autres affections chroniques de santé comme la dépression et l’hypertension artérielle. En Ontario, les personnes présentant de l’arthrose déclarent une qualité de vie de 10 % à 25 % inférieure aux personnes qui n’ont pas d’arthrose et elles ont des coûts de soins de santé deux à trois fois plus élevés que celles-ci. Les taux accrus d’arthrose auront une incidence substantielle sur la vie des personnes atteintes de l’affection et leur famille, sur les coûts pour le système de soins de santé, ainsi que sur l’ensemble de l’économie compte tenu de la perte de productivité, des personnes qui quittent la population active et de l’invalidité à long terme.
Malgré le fardeau personnel et social évident de l’arthrose, cette affectation est sous-diagnostiquée et mal traitée. Les personnes qui sont touchées par cette affection n’ont donc pas l’occasion de bénéficier de soins de qualité supérieure. Bien qu’il n’y a aucune cure pour l’arthrose, il existe plusieurs manières de gérer efficacement les symptômes au moyen de traitements non pharmacologiques et pharmacologiques qui peuvent aider à réduire la douleur, à améliorer la fonction, à maintenir la qualité de vie et à retarder l’invalidité. Une intervention précoce est idéale. Une mauvaise gestion de la douleur à la hanche et au genou causée par l’arthrose mène à l’évitement de l’activité physique et à l’exacerbation de la douleur, ce qui peut entraîner de la fatigue, de l’invalidité et une humeur dépressive et qui peut entraîner une maladie cardiaque, du diabète et de l’obésité.
Il existe des lacunes importantes dans la qualité des soins de l’arthrose tout au long du cheminement clinique. De nombreuses personnes tardent à se faire soigner : selon une étude canadienne, environ 40 % des patients avaient des symptômes d’arthrose depuis plus d’un an avant d’être diagnostiqués, et le temps écoule moyen était de plus de 7 ans. Le traitement de première ligne pour l’arthrose devrait inclure des méthodes non pharmacologiques : l’information, les exercices thérapeutiques, l’activité physique quotidienne, une perte de poids (dans les cas appropriés) et un soutien à l’autogestion. Ces traitements sont sous-utilisés. Une étude en Colombie-Britannique a révélé que seulement 25 % des patients présentant une arthrose de la hanche ou du genou ont eu des exercices thérapeutiques ou de la gestion du poids intégrés dans leur plan de gestion et que les conseils pour utiliser ces méthodes diffèrent selon les patients, l’âge, le sexe, l’invalidité et l’éducation. Seulement 29 % ont reçu une évaluation de leur capacité à marcher (fonctions ambulatoires) et seulement 7 % ont été évalués pour les fonctions non ambulatoires comme s’habiller, cuisiner et la capacité de se lever lorsqu’assis. Un sondage auprès des Canadiens qui ont reçu un diagnostic d’arthrose montre que relativement peu de ceux-ci demandent des conseils à des professionnels de la santé qui peuvent fournir une gestion non pharmacologique efficace. Seulement 22 % avaient consulté un physiothérapeute ou un ergothérapeute au cours de l’année précédente, et 12 % ont assisté à une séance d’information pour les aider à gérer les problèmes associés à la arthrite.
Ces lacunes dans l’accès aux soins requis pourraient découler de la fausse idée qu’ont les professionnels de la santé et les patients que les symptômes de l’arthrose sont un aspect normal du vieillissement et que les options de traitement sont limitées. Le coût des services et (ou) l’absence d’une assurance-santé élargie pour ces services jouent aussi un rôle. La plupart des services communautaires pour l’arthrose (physiothérapie, ergothérapie, les programmes de gestion du poids) ne sont pas facilement accessibles, du moins pas sans coûts importants pour les patients qui doivent les payer eux-mêmes ou avec une assurance privée.
En revanche, la plupart des personnes présentant de l’arthrose se font prescrire une certaine forme de traitement pharmacologique. Dans le cas d’une étude de 2015 sur les soins primaires au Canada, 57 % des patients avec de l’arthrose ont eu une ordonnance pour un anti-inflammatoire non stéroïdien et environ 33 % ont eu une ordonnance pour des opioïdes pour gérer la douleur. Il s’agit d’un sous-estimé de l’utilisation des médicaments, étant donné qu’un grand nombre de personnes avec de l’arthrose utilisent des médicaments en vente libre, qui ne sont pas souvent saisis dans les données des dossiers médicaux électroniques. Dans une autre étude nationale, 66 % des personnes présentant de l’arthrose (n’importe quelle articulation) ont utilisé les médicaments en vente libre. Chez les personnes présentant une arthrose de la hanche et (ou) du genou, le chiffre était de 74 %.
Pour un petit pourcentage de personnes, leur état se détériore jusqu’à ce que les options chirurgicales, comme le remplacement articulaire, la fusion articulaire ou une intervention pour préserver l’articulation, soient peut-être nécessaires. Un traitement chirurgical devrait être offert aux personnes ayant des dommages modérés à graves aux articulations qui causent de la douleur ou une limitation de la fonction inacceptable malgré l’utilisation des interventions décrites dans cette norme de qualité.