La sécurité des médicaments se définit par l’« absence de préjudice évitable lié à l’utilisation de médicaments ». Les problèmes liés à la sécurité des médicaments peuvent avoir des répercussions sur la santé, sur la durée du séjour dans les établissements de santé, sur les taux de réadmission et sur le total des coûts pour le système de santé canadien. À l’échelle mondiale, les pratiques dangereuses à l’égard des médicaments et les erreurs dans l’administration de médicaments sont deux des principales causes des blessures et des préjudices évitables dans les systèmes de soins de santé. Les erreurs dans l’administration de médicaments se produisent pour bon nombre de raisons, incluant la fatigue, les mauvaises conditions dans l’environnement de travail, les pénuries de personnel et les erreurs associées aux pratiques en matière d’établissement des ordonnances, de transcription, de distribution, d’administration et de surveillance. Ces erreurs peuvent cependant avoir de graves répercussions sur les patients et causer l’invalidité et la mort. La moitié (50 %) des incidents critiques liés aux médicaments déclarés se produisent au moment de l’administration du médicament alors que 19,4 % d’entre eux ont plutôt lieu au moment d’établir l’ordonnance.
Les populations les plus à risque de subir des effets préjudiciables en raison des incidents liés à la sécurité des médicaments comprennent :
-
Les enfants et les jeunes
-
Les personnes âgées (y compris les personnes âgées fragiles et celles en fin de vie)
-
Les personnes qui prennent plusieurs médicaments (polypharmacie)
-
Les personnes enceintes ou qui allaitent
-
Les personnes atteintes de troubles mentaux
-
Les personnes qui ont des troubles cognitifs légers ou de la démence
-
Les personnes dont la langue maternelle n’est pas l’anglais
-
Les personnes qui ont des handicaps qui rendent la communication difficile (par exemple, une déficience visuelle ou auditive)
-
Les personnes qui ont des troubles de l’apprentissage
-
Les personnes peu alphabétisées ou ayant peu de connaissances en matière de santé
-
Les personnes qui ont des restrictions religieuses
-
Les personnes qui ont un faible statut socioéconomique ou qui n’ont pas de régime d’assurance-médicaments, ce qui rend difficile l’accès aux médicaments
Afin de protéger les patients contre les incidents préjudiciables liés aux médicaments, l’Organisation mondiale de la Santé a cerné trois domaines d’intervention clé, qui présentent chacun un risque important pour la santé et pour la sécurité des patients :
-
Situations ou médicaments à risque élevé associés à un plus grand risque d’effet préjudiciable grave pour le patient en cas d’erreur
-
Transitions dans les soins, ce qui inclut le déplacement des personnes entre le domicile, l’hôpital et les milieux de soins résidentiels, et les consultations avec les fournisseurs de soins de santé (pour connaître les énoncés détaillés sur la qualité des pratiques associées aux médicaments lors des transitions dans les soins, veuillez consulter la norme de qualité Transitions entre l’hôpital et la maison de Santé Ontario)
-
Polypharmacie, souvent définie comme l’utilisation courante de nombreux médicaments (cinq ou plus) par un même patient, ce qui inclut les médicaments en vente libre, sur ordonnance et les médecines traditionnelles et complémentaires
-
En Ontario, en 2017, 53,5 % des personnes âgées de 75 ans et plus prenaient cinq médicaments ou plus en même temps (la moyenne canadienne était de 47,7 % pour les personnes de 75 ans et plus).
-
Selon l’Institut canadien d’information sur la santé, 61 % des résidents des foyers de soins de longue durée de l’Ontario en 2012 prenaient au moins 10 médicaments d’ordonnance différents en même temps.
-
Une étude menée en 2008 et en 2009 auprès de clients de soins à domicile en Ontario a révélé une incidence globale d’événements indésirables de 13 %. Les effets indésirables liés aux médicaments figuraient parmi les événements les plus courants, alors que la polypharmacie était associée à un risque accru d’événements indésirables.
Puisque les médicaments constituent l’intervention thérapeutique la plus courante, l’utilisation sécuritaire de ces derniers et l’amélioration de la sécurité des patients sont donc des priorités dans l’ensemble du système de santé. L’administration des médicaments est l’un des cinq domaines d’intérêt associés à la sécurité des patients qui figure dans la section « Sécurité des patients et administration des médicaments dans les hôpitaux de soins aigus » du cadre des audits de l’optimisation des ressources effectués en 2019 par le vérificateur général de l’Ontario. L’Enquête publique sur la sécurité des résidents des foyers de soins de longue durée, dirigée par la juge Eileen E. Gillese, a identifié la gestion des médicaments comme un domaine clé à améliorer pour renforcer la sécurité des résidents qui vivent des foyers de soins de longue durée, ainsi que des personnes qui bénéficient des services de soins à domicile. La sécurité dans les soins à domicile est donc devenue une priorité aux niveaux provincial et national, et les examens effectués à l’égard de la sécurité ont permis de déterminer que les médicaments sont l’une des principales causes des événements indésirables qui se produisent à la maison, dont bon nombre sont jugés être évitables. La Loi visant à protéger les Canadiens contre les drogues dangereuses, également connue sous le nom de Loi de Vanessa, exige que les hôpitaux signalent à Santé Canada toutes les réactions indésirables graves à un médicament et tous les incidents liés aux instruments médicaux afin de renforcer la capacité de Santé Canada de prendre des mesures rapides et appropriées lorsque des risques graves sont cernés. La sécurité des médicaments est également un domaine d’intérêt clé pour les ordres de réglementation des professionnels, les organismes d’accréditation et les organismes professionnels qui établissent des recommandations en ce qui concerne les pratiques exemplaires, normes d’agrément, lignes directrices et exigences réglementaires visant à améliorer l’utilisation sécuritaire des médicaments.
La présente norme de qualité comprend donc cinq énoncés de qualité qui portent chacun sur l’un des domaines dans lesquels il existe, selon le Comité consultatif sur les normes de qualité en matière d’innocuité des médicaments, un haut potentiel d’améliorer la sécurité des médicaments en Ontario pour les personnes de tous âges, dans tous les milieux.