Le trouble obsessionnel-compulsif (TOC) se caractérise par la présence d’obsessions (pensées récurrentes, persistantes, intrusives, pulsions ou images) ou de compulsions (comportements répétitifs) ou des deux. On estime que de 1,6 à 2,3 % des adultes (1 sur 50) ont été atteints d’un trouble obsessionnel-compulsif à un moment donné de leur vie (prévalence durant toute la vie).5-8 Selon une enquête sur la santé de la population de Statistique Canada, la prévalence du TOC diagnostiqué au Canada est de 0,93 %, soit une personne sur 100 âgée de 15 ans ou plus.9 Chez les enfants cependant, ce trouble est plus fréquent chez les garçons; alors que parmi les adultes, il touche autant les hommes que les femmes10.
Les symptômes invalidants du TOC contribuent à une moins bonne qualité de vie, non seulement pour les personnes atteintes, mais aussi pour les membres de leur famille5,11. En outre, les symptômes débilitants et les importants troubles fonctionnels associés au TOC entraînent également un risque accru d’idées suicidaires et de tentatives de suicide12. Ainsi, environ le quart des personnes atteintes de TOC ont déjà fait une tentative de suicide5,13.
Le TOC contribue également au fardeau économique considérable que la santé mentale et les dépendances imposent à la société. Ainsi, en 2015, les dépenses publiques et privées du Canada en santé mentale étaient estimées à 15,8 milliards de dollars14.
En 2018, 12,3 % des adultes et 21,6 % des enfants et des adolescents de l’Ontario ayant un TOC ont eu leur premier contact pour un TOC à l’urgence, ce qui signifie qu’ils n’avaient pas eu accès à un médecin en services de santé mentale ou de toxicomanie depuis deux ans (SNISA, BDCP, SIOSM et base de données des réclamations du Régime d’assurance-santé de l’Ontario, données fournies par l’IC/ES, 2019 ). En 2018, 460 adultes et 299 enfants et jeunes ont visité l’urgence pour un TOC (SNISA, données fournies par l’IC/ES, 2019*).
De plus, chez les personnes qui se sont rendues à l’urgence pour un TOC, le taux de retour à l’urgence dans les 30 jours pour des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie était de 22,4 % (SNISA, données fournies par l’IC/ES, 2019*). Les retours à l’urgence étaient plus fréquents chez les femmes que chez les hommes (27,2 % par rapport à 16,8 %; SNISA, données fournies par l’IC/ES, 2019*).
En 2017, il y a eu 343 hospitalisations pour TOC, dont le nombre variait de 1-5 à 59 dans toutes les régions de l’Ontario (BDCP, SIOSM, données fournies par l’IC/ES, 2019*). Pour les personnes de l’Ontario admises à l’hôpital pour un TOC, le taux de réadmissions à l’hôpital dans les 30 jours pour des problèmes de santé mentale ou de toxicomanie était de 10,9 %. Le taux de réadmission à l’hôpital variait d’une région à l’autre de l’Ontario, le taux le plus élevé étant de 20,1 % dans le réseau local d’intégration des services de santé (RLISS) de Mississauga Halton, comparativement à 0 % dans le RLISS d’Érié St-Clair, du Sud-Est et du Sud-ouest. Ces résultats peuvent être associés aux personnes qui reçoivent des soins de fournisseurs qui ne sont pas médecins, aux personnes qui n’ont pas accès aux services de santé mentale et de toxicomanie offerts par les médecins, et les occasions manquées potentielles pour les services de santé mentale dans les soins primaires et communautaires.15
Plusieurs facteurs d’équité, y compris le sexe, le revenu, la comorbidité, l’identité autochtone et la géographie, peuvent avoir différentes répercussions sur les populations spécifiques atteintes de TOC. Le quintile de revenu le plus faible selon le quartier est celui dans lequel on retrouvait la plus forte proportion de personnes ayant déclaré avoir reçu un diagnostic de TOC ou de troubles anxieux (Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes : santé mentale, 2012). De même, un plus grand nombre de personnes des régions rurales ont indiqué avoir reçu un diagnostic de TOC ou de trouble anxieux que dans les zones urbaines (7,5 % contre 4,8 %, respectivement; Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes, 2012).
Il existe d’importantes lacunes dans le système de soins de santé lorsqu’il s’agit de traiter les personnes atteintes de TOC. Les professionnels de la santé ne reconnaissent pas toujours les différentes différentes façons dont le TOC peut se présenter ou ne connaissent pas les traitements appropriés, ce qui représente un manque de connaissances et offre l’occasion de les éduquer16,17. Bon nombre de médecins voient des patients ayant des besoins en matière de santé mentale et de dépendance, mais peu d’entre eux se disent bien préparés à s’occuper d’eux14. De plus, les personnes atteintes d’un TOC peuvent avoir honte de leurs obsessions et de leurs compulsions ou ne pas savoir où trouver de l’aide, ce qui peut les empêcher de consulter un professionnel.16-18 Dans une revue de la littérature portant sur les facteurs associés au non-traitement ou à la recherche tardive d’un traitement, les études ont révélé que les personnes atteintes d’un TOC retardent leur traitement pendant de nombreuses années, soit de 3 à 17 ans.18
Ces facteurs contribuent au retard dans le diagnostic et le traitement. Bien qu’il existe des traitements efficaces, en moyenne, 52,8 % des personnes âgées de 15 ans et plus dans le monde qui ont besoin de soins pour le TOC ne reçoivent pas de traitement.19Chez les adultes, le délai moyen entre la première manifestation de symptômes mineurs et l’apparition du TOC est de 6 ans, et 11 autres années s’écoulent avant qu’ils reçoivent un traitement.20 Il existe de nombreuses possibilités d’améliorer les soins offerts aux personnes atteintes de TOC en Ontario pour qu’elles puissent avoir accès en temps opportun à un traitement approprié fondé sur des données probantes.