La qualité, un élément essentiel
Il est temps que l’on enseigne la science de la qualité en tant qu’aspect essentiel de la formation de tous les professionnels de la santé.
L’amélioration de la qualité ne doit plus être perçue comme une compétence ésotérique ou être enseignée dans le cadre du « curriculum non officiel ». Il faut plutôt l’intégrer à la formation de quiconque entame une carrière en médecine, en soins infirmiers ou toute autre profession de la santé.
Tel que constaté il y a plus de dix ans, l’enseignement de l’amélioration de la qualité vise à ce que tous ceux qui œuvrent dans le domaine des soins de santé reconnaissent qu’ils ont deux tâches à accomplir chaque jour au travail : faire le travail et l’améliorer.
Pour sa part, Qualité des services de santé Ontario – qui fera bientôt partie de Santé Ontario - a mis en relief que la création d’une culture de la qualité chez tous ceux qui participent à la prestation des soins de santé constitue une exigence fondamentale pour bâtir un système de santé de meilleure qualité en Ontario.
Partout dans le monde, des organismes, dont le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada, ont rédigé de nouvelles normes pour le curriculum et l’évaluation des écoles de médecine qui incluent des concepts de qualité. En fait, depuis 2015, la qualité et la sécurité des patients sont devenues des compétences de base exigées de tous les médecins canadiens.
Même si cela s’est traduit par la mise sur pied de nouveaux cours ayant introduit l’amélioration de la qualité auprès d’une nouvelle génération d’apprenants, cette situation a également engendré des défis. Désigner des enseignants compétents, définir le contenu de base et prévoir du temps dans le curriculum constituent des enjeux récurrents, et les éducateurs se concentrent maintenant sur la meilleure façon d’évaluer les compétences des apprenants ainsi que les efforts pédagogiques en matière d’amélioration de la qualité.
En plus d’apprendre des matières plus traditionnelles comme l’anatomie et la physiologie, les professionnels de la santé doivent apprendre des compétences plus récentes, notamment la sécurité des patients, l’amélioration de la qualité, la gestion des ressources et la sensibilisation aux coûts, le travail d’équipe interprofessionnel, la prise de décisions communes et l’utilisation des technologies de l’information en santé afin d’offrir des soins de grande qualité.
L’éducation médicale au Canada a déjà réalisé d’importants progrès en ce sens. À l’Université de Calgary, la Cumming School of Medicine s’est associée à la famille Price pour mettre sur pied un curriculum qui enseigne la sécurité des patients, le travail d’équipe, la collaboration et la coordination des soins aux étudiants en médecine dès le premier jour. Au niveau des résidences, des programmes de médecine familiale comme ceux de l’Université de Toronto et de l’Université Queens font participer tous leurs résidents aux initiatives d’amélioration de la qualité. Pour répondre à la demande en professeurs supplémentaires pouvant superviser et enseigner l’amélioration de la qualité, les départements de médecine, de pédiatrie et de chirurgie de l’Université de Toronto enseignent aux résidents ainsi qu’aux membres du corps professoral à l’aide d’une « approche de coapprentissage »; l’évaluation de ce programme a démontré un important renforcement des capacités parmi les professeurs pour appuyer les efforts pédagogiques déployés en amélioration de la qualité. Par conséquent, d’autres départements à l’Université McMaster, à l’Université Western et à l’Université de l’Alberta ont adopté des approches de coapprentissage semblables pour l’enseignement de l’amélioration de la qualité et le perfectionnement du corps professoral.
Il est important de favoriser une culture qui encourage les étudiants en médecine, en soins infirmiers et d’autres étudiants à se renseigner davantage sur les initiatives liées à la qualité. Comme le fait remarquer Sharon Yeung, une étudiante en médecine ayant participé l’an dernier à deux conférences sur l’amélioration de la qualité, il peut s’agir d’une « expérience transformatrice », parce que la recherche en amélioration de la qualité ne constitue pas une priorité dans le curriculum des écoles de médecine.
Mme Yeung a résumé certains des apprentissages clés d’un programme d’ambassadeurs étudiants offert par Qualité des services de santé Ontario illustrant à quel point cette participation a forgé son point de vue ainsi que celui des autres participants au moment où ils entreprennent leur carrière :
- Il est possible d’intégrer un travail de qualité en santé à une carrière clinique, et de nombreux types d’occasions de participation existent ou peuvent être créés;
- L’amélioration de la qualité en santé exige de la persévérance et un dévouement envers des projets qui sont souvent de longue durée et de portée multidisciplinaires, et dans le cadre desquels les approches linéaires en matière d’amélioration de la qualité devront évoluer pour répondre aux demandes d’un paysage social et technologique en évolution.
Les commentaires de Mme Yeung démontrent à quel point le fait d’en savoir plus sur l’amélioration de la qualité au cours du processus pédagogique peut renforcer la capacité des étudiants en médecine à être des agents du changement. Une étude récente de l’Université de Dundee, au Royaume-Uni, a conclu qu’« entreprendre des projets d’amélioration de la qualité en pratique clinique améliore les connaissances, la compréhension et les compétences, et permet aux étudiants en médecine de se percevoir comme étant d’importants influenceurs du changement à titre de futurs médecins. »
Comme l’a déclaré Qualité des services de santé Ontario dans un document cadre, s’appuyer sur un seul dirigeant héroïque pour défendre des soins de qualité ne suffit pas.
Il faut se doter d’une stratégie exhaustive de perfectionnement du leadership qui cible des leaders potentiels à différents niveaux, et qui insiste sur le fait que la notion d’amélioration de la qualité doit être inculquée au cours de la formation et continuellement renforcée.
Le Dr Brian Wong est professeur agrégé au Département de médecine et directeur associé du Centre pour l’amélioration de la qualité et la sécurité des patients de l’Université de Toronto, et le Dr David Kaplan est chef de la qualité clinique chez Qualité des services de santé Ontario.