Sélection de vos employés : Laissez les patients vous aider
Discussion entre Margo Twohig, conseillère des patients et des familles, et Jennifer Schipper, chef, Communications et participation des patients
Margo Twohig : J’appuie entièrement l'idée d’inclure les patients aux pratiques d’embauche des organismes de soins de santé. Les patients devraient participer à l’embauche à tous les niveaux – qu’il s’agisse de ceux qui nettoient l’édifice le soir, qui travaillent à la pharmacie, au chevet du patient ou qui font partie de l’équipe de direction – parce que chacun fait partie de la prestation des soins de l’organisme.
Jennifer Schipper : Fait surprenant, il existe peu de données qui évaluent les avantages de faire participer les patients ou les membres de la famille aux comités de sélection qui prennent des décisions liées à la dotation au sein des organismes de soins de santé. Cependant, les données probantes publiées qui existent sont très positives. L’une des seules études canadiennes existantes a été publiée dans le journal Patient Experience en 2015 et a été réalisée par des chercheurs de Providence Health Care en C.-B. Une évaluation a été faite auprès de 30 candidats interrogés dans le cadre d’un processus auquel ont participé des patients intervieweurs. L’évaluation incluait également des dirigeants des soins de santé de Providence ainsi que des patients et des membres des familles ayant participé au processus. Les chercheurs ont conclu que la participation des patients au processus d’entrevue avait un impact positif.
Dans une évaluation de stratégies de soins axés sur le patient réalisée en 2012, l’Hôpital général de Kingston s’est démarqué à titre d’organisme ayant inclus des conseillers patients aux comités d’embauche; l’évaluation a également fait observer que le patient était le premier à prendre la parole durant les entrevues de sélection. La directrice générale Leslee Thompson a affirmé que le but était de communiquer dès le départ aux candidats que s’ils obtenaient l’emploi, ils travailleraient pour les patients.
Margo Twohig : Les patients sont représentatifs de la collectivité, et le fait de les inclure démontre le souci de transparence de l’organisme. Cela démontre également aux candidats que les soins axés sur le patient sont importants pour l'organisme et que les patients partenaires sont essentiels à l’ADN de l'organisme. C’est aussi tout simplement la bonne chose à faire. Cette façon de faire contribue à garantir que le candidat retenu est quelqu’un qui comprend réellement ce que cela signifie de collaborer avec les patients et les membres de la famille dans la prestation de soins de qualité.
Lorsque j’ai siégé à des comités de recherche et que j’ai écouté les réponses des candidats en entrevue – et que j’entendais leur vision liée à la collaboration avec les patients et les familles à titre de conseillers – cela m’a permis de voir si le candidat était simplement un beau parleur ou s’il pouvait joindre le geste à la parole. Faire participer un patient à l’embauche constitue une excellente façon de vérifier si le candidat comprend réellement de quoi il en retourne.
Pour en faire une expérience utile pour tous, les patients ont besoin d’une description des attentes envers un membre du comité de recherche ainsi que d’une certaine formation – à quoi ressemblent les questions, ce qu’il faut rechercher chez les candidats, etc. Et pour que l’expérience soit significative, les patients doivent participer à tout le processus d’embauche, depuis l’établissement des critères d’embauche et la première sélection jusqu’aux entrevues finales. Vous devez être présent dès le départ. Si vous arrivez seulement à la fin, vous aurez l’impression de faire partie d’une séance de type « montrer et raconter ». Vous ne contribuez pas à tout le processus, où les critères importants sont établis à propos du candidat que vous recherchez.
Jennifer Schipper : Et pourquoi s’arrêter aux hôpitaux ou à d’autres organismes de soins directs? Pour les mêmes raisons, on peut également tirer profit de la participation des patients ou de membres de la famille à des comités de recherche dans les écoles de médecine et d’autres établissements de formation. Même s’il ne s’agit pas d’une pratique courante, cela se fait dans des écoles de médecine comme la School of Medical Sciences de l’Université de Manchester au Royaume-Uni, et je m’attends à ce que l’on utilise cette pratique plus fréquemment à l’avenir.
Margo Twohig : Je suis d’accord. Et pas seulement pour l’embauche de membres du corps professoral, mais aussi dans la sélection de futurs étudiants. Cela envoie le message que nous devons enseigner et exercer en accordant la priorité au patient. Il y a quelques années de cela, un médecin m’a dit que la discussion change quand un patient se trouve dans la pièce. Si un patient participe au processus d’entrevue d’un futur étudiant en médecine, cela met en relief l’importance des soins axés sur le patient et le fait qu’être admis dans une faculté de médecine nécessite beaucoup plus que des notes élevées.
Margo Twohig est conseillère des patients et des familles et est lauréate de la Médaille ministérielle d’excellence pour la qualité et la sécurité des services de santé 2017 dans la catégorie Patients, familles et soignants. Jennifer Schipper est chef, Communications et participation des patients chez Qualité des services de santé Ontario.