Rehausser la production de rapports sur les soins primaires en Ontario
Au cours des cinq dernières années, plusieurs organismes en Ontario ont préparé et partagé des rapports pour aider les cliniciens de soins primaires dans leurs efforts visant à améliorer les soins aux patients. Jusqu’à maintenant, ces rapports étaient réalisés de façon indépendante et de façon largement désordonnée.
Chacune de ces initiatives avait pour but de combler une importante lacune dans l’accès à l’information. Il n’y a pas si longtemps, il n’existait aucun mécanisme à la disposition des médecins de famille exerçant en Ontario pour consulter des données comparatives sur leur propre pratique. Aussi récemment qu’en 2015, moins d’un tiers des médecins de famille en Ontario déclaraient recevoir régulièrement des renseignements sur la façon dont le rendement clinique de leur pratique se comparait à celui de pairs. En revanche, 70 % des médecins de famille exerçant au Royaume-Uni déclaraient recevoir ce type de renseignements.
Même si ces rapports étaient bien intentionnés, leur nombre est ensuite devenu accablant en Ontario. De nombreux médecins de famille ont indiqué qu’ils n’avaient pas accès aux rapports ou qu’ils ne les lisaient pas en raison de contraintes de temps, du manque de pertinence ou de préoccupations liées à leur validité. Cette situation a été exprimée par des médecins responsables dans le cadre d’une table ronde organisée pour discuter de cet enjeu. Sans surprise, les fournisseurs des rapports comprenaient tous clairement que ces multiples efforts non coordonnés en matière de production de rapports pouvaient entraîner un désengagement et accélérer l’épuisement.
Cette frustration se fait l’écho de préoccupations élargies à propos d’un fardeau grandissant exercé sur les praticiens de soins de santé en lien avec la documentation et d’autres exigences pouvant les éloigner des soins de première ligne. Par exemple, le Dr David Kaplan, un médecin de North York comptant 1 100 patients (et maintenant également chef de la qualité clinique pour Qualité des services de santé Ontario) fait remarquer : « Même s’il est excellent de recevoir des renseignements sur notre pratique, la réalité est qu’il est difficile de savoir sur quoi se concentrer alors que nous pouvons recevoir jusqu’à six ou sept rapports différents de groupes variés à l’échelle de la province. Rationaliser les rapports sur l’audit et la rétroaction dans un seul rapport nous aidera, en tant que cliniciens, à nous concentrer sur ce qu’il est important d’améliorer. »
En raison de toutes ces préoccupations, plusieurs organismes ont formé une alliance et ont mis sur pied une vision commune pour harmoniser les rapports sur la pratique ainsi que d’autres outils et ressources pour améliorer la qualité des soins primaires. L’Alliance ontarienne de production de rapports sur les soins primaires représente tous les principaux organismes qui offrent des soins de santé primaires et qui participent à l’évaluation du rendement des soins primaires en Ontario. Ces organismes sont mentionnés ici.
Dans une évaluation des rapports existants, les membres de l’Alliance ont reconnu qu’ils essayaient tous essentiellement de rejoindre le même public cible occupé et qu’ils essayaient d’atteindre des objectifs qui se chevauchent et qui sont tous axés sur l’amélioration des résultats pour le patient en soins primaires. Par conséquent, les membres de l’Alliance ont accepté d’unir leurs efforts et de collaborer à un effort coordonné de production de rapports. En se fondant sur des travaux publiés récemment par des experts canadiens et d’autres experts en audit et rétroaction, l’Alliance a cherché à optimiser l’efficacité des interventions de rétroaction. Ces interventions incluaient de recommander des mesures précises sous le contrôle du récipiendaire et surmonter les obstacles à l’utilisation de la rétroaction.
Les travaux de l’Alliance ont suivi les principes de base, notamment :
• Reconnaître que les soins primaires sont essentiels à un système de santé très performant;
• Faire progresser le quadruple objectif (meilleure expérience du patient);
• Améliorer la vie au travail des professionnels;
• Offrir de meilleurs renseignements valorisés par les cliniciens et les patients;
• S’efforcer de réduire le fardeau des données sur les cliniciens et veiller à ce que les renseignements recueillis soient utilisables.
L’Alliance s’est engagée à prendre quelques mesures :
• Plutôt que de travailler à sept rapports différents, collaborer à un rapport commun, dont la première publication est prévue pour la fin de cette année;
• Concevoir ce rapport en collaboration avec les cliniciens.
• Mettre sur pied un modèle de renforcement des capacités pour appuyer les efforts d’amélioration de première ligne et à l’échelle locale.
La création de l’Alliance et les résultats de ses délibérations ont démontré l’engagement de tous les partenaires de soins primaires de l’Ontario envers l’amélioration de la qualité des soins prodigués aux patients tout en répondant efficacement aux importantes préoccupations soulevées par ceux engagés à prodiguer des soins.
Le fait d’exprimer une vision bien harmonisée et de travailler à réduire le dédoublement inutile des efforts fournit un modèle permettant à tous les secteurs de réduire le fardeau de la production de rapports, tout en augmentant le soutien à l’amélioration. Il s’agit d’un élément clé pour bâtir une meilleure vie au travail pour les professionnels de première ligne.
Adalsteinn Brown est doyen de la Dalla Lana School of Public Health, Université de Toronto, et Anna Greenberg est présidente et chef de la direction par intérim de Qualité des services de santé Ontario