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Certains patients ontariens se retrouvent coincés dans un système de santé sous pression.
Les patients qui n’ont pas besoin d’être à l’hôpital occupent une proportion accrue des lits d’hôpitaux de l’Ontario pendant qu’ils attendent de recevoir des soins ailleurs, comme dans un foyer de soins de longue durée ou des résidences offrant des services d’aide à la vie autonome. Au cours d’une journée donnée dans la province en 2018-2019, environ 4 500 lits d’hôpitaux ont été occupés par des patients qui attendaient d’obtenir des soins ailleurs. C’est l’équivalent de 11 grands hôpitaux de 400 lits remplis au maximum de patients qui n’ont pas besoin du niveau élevé de soins que leur offre leur lit d’hôpital, et une hausse d’environ 4 000 lits par jour en moyenne en 2012-2013.
En ce qui concerne la capacité générale des hôpitaux, environ 15,5 % des jours que les patients ont passé dans les hôpitaux de l’Ontario en 2018-2019 ont été passé à attendre de recevoir des soins ailleurs. 1 Au cours de la période de stabilisation des données, les patients désignés ANS et transférés vers les sites du Centre de soins réactivés (CSR) de l'Hôpital Humber River, de l'Hôpital général de North York, de Southlake, de Markham Stouffville, de Mackenzie Health et de l'Hôpital Sunnybrook ont été déclarés séparément. Par conséquent, les chiffres présentés ici n'incluent pas la population de patients désignée ANS sur les sites CSR. Avoir des patients qui attendent à l’hôpital pour recevoir des soins ailleurs est un des symptômes des problèmes plus vastes de l’ensemble du système de santé et entraîne du stress et de l’incertitude chez les patients et les aidants. 2 « “It’s a waiting game” a qualitative study of the experience of carers of patients who require an alternate level of care », PubMed, NCBI [Internet], [cité le 9 août 2019], accessible à l’adresse : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/28464878.
Parmi les systèmes de santé dans le monde, le National Health Service du Royaume-Uni (NHS) indique le pourcentage de jours que les lits d’hôpitaux ont été occupés par des patients en attente de recevoir des soins ailleurs de manière similaire à l’Ontario. 3 Remarque : En raison de différences dans le codage clinique, la prudence est de mise lorsque l’on compare entre les pays les taux de lits d’hôpitaux occupés par des patients en attente de recevoir des soins ailleurs. Au Royaume-Uni, cette désignation nécessite une équipe multidisciplinaire afin de déterminer si un patient est prêt pour le transfert. En Ontario, cette désignation est déterminée par un médecin ou un délégué, en collaboration avec une équipe interprofessionnelle, si elle est disponible. En comparaison, le NHS a déclaré un taux d’un peu plus de 5 % pour 2017-2018, soit un taux supérieur à son objectif de 3,5 %, mais encore considérablement inférieur à celui de 15,5 % de l’Ontario.
En Ontario, un grand nombre des patients qui attendent dans des lits d’hôpitaux de recevoir des soins ailleurs attendent une place dans un foyer de soins de longue durée. En 2018-2019, le temps d’attente médian pour les patients déplacés dans un foyer de soins de longue durée directement d’un hôpital était d’environ trois mois, soit 90 jours.
Si vous comptez tous les jours que les patients ontariens ont attendu dans des lits d’hôpitaux de recevoir des soins ailleurs en 2018-2019, 44 % étaient des jours que les patients ont passés dans l’attente de leur transfert dans un foyer de soins de longue durée, 13 % étaient des jours que les patients ont passé à attendre de recevoir des services supervisés ou des services d’aide à la vie autonome et 11 % étaient des jours que les patients ont passé à attendre de recevoir des soins à domicile.4Résumé quotidien du recensement des lits, système d'information sur les temps d'attente, fourni par CCO.
Dans de nombreux hôpitaux ontariens, le fait d'attendre de nombreux patients en attente de soins ailleurs peut entraîner la surpopulation, les patients recevant des soins dans les couloirs car il n'y a pas de lits réguliers disponibles. L’engorgement qui entraîne la médecine de couloir est le plus souvent visible dans les services des urgences des hôpitaux. Ici, les patients qui ont besoin d’être admis à l’hôpital peuvent devoir attendre qu’un lit se libère. Le temps d’attente moyen des patients aux services des urgences de l’Ontario pour un lit pour patient hospitalisé, calculé à partir du moment où il a été décidé de les admettre, est passé de 7,7 heures en 2015-16 à 9,7 heures en 2018-2019. Le temps moyen total que les patients admis ont attendu aux services des urgences est passé de 13,8 heures à 16,2 heures au cours de la même période.
Pour les personnes qui n’ont pas été admises à l’hôpital, les hôpitaux de l’Ontario ont réussi à maintenir le temps passé aux services des urgences. En dépit d’une hausse des visites aux services des urgences de 12,2 % entre 2011-2012 et 2018-2019, le temps d’attente aux services urgences des patients non admis est demeuré presque identique. En 2018-2019, chez les patients qui n’ont pas été admis à l’hôpital, l’objectif provincial de 8 heures pour la durée maximale du séjour aux services des urgences a été atteint pour 93,3 % des personnes présentant des affections plus graves, tandis que l’objectif provincial de 4 heures a été atteint pour 85,3 % des personnes présentant des affections moins graves.
Comme en Ontario, la Nouvelle-Zélande a dû composer avec l’engorgement dans les services des urgences de ses hôpitaux, les patients y passant souvent beaucoup de temps à recevoir des soins et à attendre qu’un lit se libère pour une hospitalisation. L’établissement des objectifs et les hausses de la capacité dans les hôpitaux ont donné lieu à une amélioration du flux des patients dans les hôpitaux et ont entraîné, à court terme, une diminution du temps passé aux services des urgences. Cependant, peu de choses ont été faites pour améliorer la capacité dans d’autres parties du système de santé afin d’améliorer le flux des patients qui sortent des hôpitaux. Les améliorations dans les temps d’attente aux services des urgences ont par ailleurs ralenti. 5 TENBENSEL, T., L. CHALMERS, P. JONES, S. APPLETON-DYER, L. WALTON et S. AMERATUNGA. « New Zealand’s emergency department target – did it reduce ED length of stay, and if so, how and when? », BMC Health Services Research, no 17, vol. 678, 2017.
D’autres éléments contribuent également à l’engorgement des services des urgences des hôpitaux de l’Ontario : les patients dont le fournisseur de soins primaires n’est pas disponible ou les patients qui ne reçoivent pas les soins de santé ou le soutien dont ils ont besoin à l’extérieur de l’hôpital.
Au total, 4 Ontariens sur 10 (41,7 %) qui ont consulté les services des urgences ont indiqué, en 2018, que leur plus récente consultation concernait un état qui aurait pu, selon eux, être pris en charge par leur fournisseur de soins primaires s’il avait été disponible.
Parmi les adultes qui ont consulté les services des urgences pour un problème de santé mentale ou de dépendance en 2017, environ le tiers (31,9 %) n’avait pas reçu des soins de santé mentale d’un médecin de famille ou d’un psychiatre au cours des deux années précédentes. Toutefois, il y a eu une amélioration de cet indicateur pour les enfants et les jeunes de 24 ans ou moins. En 2017, 40,4 % d’entre eux n’ont pas reçu de soins de santé mentale d’un médecin de famille, d’un pédiatre ou d’un psychiatre pendant les deux années précédant leur consultation aux services des urgences, comparativement à 49,9 % en 2006.
Chez les Ontariens qui ont consulté les services des urgences en 2017-2018 pour des raisons de santé mentale ou de dépendance, près de 18 300 personnes, soit 9,5 %, s’y sont rendues au moins quatre fois en une année, ce qui constitue une hausse par rapport à 2013-2014, qui enregistrait 8,2 %, soit environ 13 200 personnes. Les visites fréquentes aux services des urgences pour obtenir des soins de santé mentale peuvent indiquer un manque de services ou de soutien dans la collectivité pour répondre au niveau de besoin des gens.
Le total des dépenses en santé en Ontario, qui comprennent les dépenses publiques du gouvernement et les dépenses privées des compagnies d’assurance et des particuliers, a augmenté à 6 239 $ par personne en 2016 (l’année la plus récente pour laquelle les estimations des dépenses finales sont disponibles), soit une hausse de 9,0 % par rapport à 2006. 6La tendance temporelle permet de tenir compte de l’inflation et de la croissance de la population lorsque l’on compare la croissance au fil des ans. Les dépenses publiques dans les soins de santé de l’Ontario, soit 4 125 $ par personne en 2016, étaient les moins élevées de toutes les provinces, Terre-Neuve-et-Labrador affichant le montant le plus élevé, soit 5 502 $ par personne. Les dépenses publiques dans les soins de santé en Ontario étaient également inférieures à la moyenne canadienne de 4 487 $ par personne. Par rapport aux pays ayant des profils sociaux et économiques semblables dans l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), le Canada faisait partie de la moitié la moins élevée en ce qui concerne les dépenses publiques dans les soins de santé par personne en 2016. Selon les estimations des dépenses prévues en santé, le Canada conservera sa position en 2018 comparativement à ses pairs de l’OCDE.7 OCDE. « Dépenses de santé et financement », consulté le 28 août 2019 à l’adresse : https://stats.oecd.org/Index.aspx?DataSetCode=SHA
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Rester coincé à l’hôpital
Lire l'histoire de Mendal, Lisa et Diane
Mendal « avait l’air en forme », mais sa femme et ses sept enfants savaient que quelque chose clochait. Le dentiste retraité de 85 ans de Kingston a été reçu un diagnostic d’Alzheimer en 2015. « Mes frères, mes sœurs et moi voyions les problèmes se pointer un après l’autre, explique sa fille Lisa. Chaque semaine, nous nous lancions à la blague que nous devions désamorcer des bombes. »
Une nuit, la situation a dégénéré lorsque Mendal a appelé son beau-frère et lui a laissé un message suggérant qu’il pourrait s’infliger des blessures et en infliger à sa femme. La famille a dû appeler la police, qui a accompagné Mendal à l’hôpital de Kingston, où le personnel des services des urgences l’a évalué avant de l’admettre aux services psychiatriques.
Après trois mois passés à l’hôpital, Mendal a été jugé admissible à des soins de longue durée, mais il n’y avait, dans la région de Kingston, qu’un seul foyer de soins de longue durée sécurisé qui offrait les services nécessaires pour traiter ses problèmes comportementaux et son risque de fugue. De plus, après avoir évalué l’état de Mendal, le personnel du foyer de soins de longue durée de Kingston a déterminé qu’il ne pouvait l’accepter.
La famille de Mendal a décidé de mettre son nom sur la liste d’attente pour une place dans un foyer de soins de longue durée à proximité de Toronto. On lui a dit que le temps d’attente s’échelonnait de six mois à deux ans.
Au bout de quatre autres mois d’attente aux services psychiatriques de l’hôpital de Kingston – sept mois au total –, la santé de Mendal s’était détériorée. À la maison, sa femme devait composer avec ses propres problèmes de santé ainsi qu’avec le stress engendré par le sentiment d’avoir abandonné son mari. Quant aux sept frères et sœurs, qui vivaient dans différentes régions de la province, ils se démenaient aussi pour venir en aide.
Puisque la famille s’est également sentie pressée de sortir le père de l’hôpital, elle a décidé de payer de sa poche une chambre dans une maison de retraite privée, soit plus de 40 000 $ sur six mois. Finalement, une place s’est libérée dans le foyer de soins de longue durée situé à Markham, près de Toronto.
Une fois admis, Mendal a essayé de retourner chez lui, à Kingston. Peu après son arrivée, il a même frappé une fois l’un des membres du personnel, ce qui lui a valu de se retrouver dans un service de psychiatrie d’un hôpital à proximité. Le psychiatre en chef a posé un diagnostic de démence du lobe frontal, ce qui peut causer des changements radicaux de personnalité et une altération du raisonnement cognitif.
« Après que papa s’est calmé et est retourné au foyer de soins de longue durée, maman a déménagé à Toronto, explique Diane. Le foyer est phénoménal et son personnel est merveilleux. Aujourd’hui, l’état de papa est stable, sa famille est près de lui, et la situation est aussi bonne qu’elle peut l’air. Cependant, nous avons dû passer par bien des déboires avant d’en arriver là. »
Les patients, les familles et le public jouent un rôle essentiel dans le processus d’amélioration de la qualité des soins de santé
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